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Ainsi se termine ma carrière.

 

Merci, merci à vous tous, fidèles fans, spectateurs, amis ! Ainsi se termine ma carrière.

 

 

A l’époque, quand avec mes potes on jouait dans la cours de mon immeuble, il y avait Peter, le gros costaud, il habitait un taudis dans le 4e arrondissement. Il fonçait toujours tout droit, droit et fier, et logiquement tout le monde surnommait Pedro, il y avait mon voisin du dessus, Sebastian, qui ne jurait que par Bob. Moi, j’ai grandi avec les posters de Fé Bunga.

 

Plus tard, ado, lorsque Mario Baroux devenait une superstar, je trainais souvent sur la Rustenschacherallee dans l’espoir de voir par-dessus le mur ma vedette à l’entrainement. Mais les vigiles rodaient toujours, et puis le coin, n’était pas toujours bien fréquenté. Ca a changé depuis quand même, faut dire. Et puis un jour, nos 17-18 ans passés, Seb, Peter et moi avions décidé de participer à tournois d’Ultraball des rues. Avec les potes, on avait ramassé trois-quatre clampin du quartier, dont les noms m’échappent et fabriqué une équipe… les Süd-Wiener Panzers. Je pense bien que Peter avait trouvé ce nom. Duran le tournoi, Peter allait toujours tout droit balle sous le bras en défonçant tout le monde. Seb, courrait vite et menait la vie dure à ses adversaires. On faisait une belle équipe. Ce jour là nous avons fait un match contre les camés de la Maria-Hilf-strasse. De grosses brutes bourrées d’amphétamines et autres pilules. Ce jour-là, j’ai marqué un joli but, pendant que « Bob » défonçait la tête d’un punk pris d’une crise de manque. Et les meilleurs jeunes de la journée purent participer à un stage de formation à la Rustenschacherallee, j’en avais rêvé, quelle fut ma joie d’être parmi les chanceux. Et puis j’ai eu droit d’y rester.

 

Je dois beaucoup à ce club qui me faisait tant rêver, enfant puis ado. J’ai croisés les regards sévères de mes formateurs et patrons, j’ai eu droit aux larmes de douleurs, aux larmes de joie. On s’est parfois moqué de moi et mes prétentions de jeune freluquet imberbe. Le centre de formation est gorgé de chacals et vampires prêt à tout pour faire croire qu’ils sont les meilleurs et ne pas se faire jeter. La porte de sortie, dans le temps, menait droit vers une usine de traitement des déchets. Enfin c’est ce qu’on dit, je n’ai jamais vu ni su. C’est peut-être une légende urbaine… Mais croyez-moi se faire virer du centre viennois c’est aller à la déchèterie. Et des déchets, ma fois, nous en avons connus. Cela-dit croyez-moi, sur le parquet d’entrainement, les moqueurs et les menteurs recevaient des obus en pleine tronche et connaissaient leur douleur. Alors ils ont vite arrêté de rire et compris que je marchais dans l’ombre de mes idoles de gamin. Le tireur, c’était votre serviteur.

 

 

Je me souviendrais toujours de ma première fois. Pas vous ?

 

 

C’était dans une arène de Platinium. J’avais l’impression d’être dans une cathédrale immense. La clameur des supporteurs résonnait si fort. Ce soir là, l’arène était Métropolitaine. Je vous explique le contexte : dernier match de la saison, nous savions la relégation depuis belle lurette, nous n’avions plus rien à perdre. Le coach Buhert, m’annonça la veille que j’avais l’honneur de reprendre le maillot de Supermario, d’entrée de jeu. Une surprise pour moi. J’ai appris par la suite que c’était prévu de longue date. Ce qui fout les boules sur le coup, c’est d’avoir la surprise d’apprendre avoir l’honneur de prendre les baffes moscovites à la place de son idole et mentor. Ce match, il me laisse le souvenir le plus terrible et le meilleur à la fois. J’en avais l’estomac et mes boyaux tout retournés. On allait se faire démolir, perdre un match de toute façon, mais j’ai tenu bon. La main ferme, j’ai marqué mon premier but. Jouissance éblouissante du débutant. Jouissance pathétique de la première fois.

 

 

Et puis il y eu cette folle saison 2124. J’étais devenu l’idole des jeunes, remportant le titre que Baroux avait tant souhaité mais jamais réalisé. A la fin de la saison, me revoilà à chialer comme á l’âge de cinq ans, lorsque Fé Bunga soulevait le trophée d’Open. Mais mon trophée á moi était tout d’or vêtu. Nous venions de gagner avec brio un titre et une place en Platinium. La foule était en liesse. La presse s’évertuait à mon honneur : meilleur buteur de la saison. Puis voila que la fédération et les syndicats de joueurs me nomment aux METI. Etre sous les feux de la rampe vous grise l’esprit.

 

 

Avec le succès, vous vous offrez des voitures, des maisons, des iles paradisiaques, les filles tombent dans vos bras à vous bâtir un harem, on vous offre de drôles de pilules, on vous manipule les neurones. J’ai failli tomber dans un gouffre. Mais il fallait rester au top.

 

 

Or voilà qu’aujourd`hui je prends une retraite bien mérité. Il ne me reste que quelques matchs d’adieu avant que la saison 2129 ne commence.

 

 

Avant de partir, je me suis pris a regarder mon bilan. Figurez-vous que Fé Bunga reste le Hard Bull le plus emblématique, puisqu’il tient le record de buts et de points sur une saison. Mon mentor Baroux, surpasse néanmoins Bunga par le nombre de matchs joués par les Bulls.

 

Et voila que votre serviteur est devenu le meilleur marqueur et buteur de toute l’histoire des Hard Bulls. Ainsi s’achève un cycle merveilleux, le meilleur de la franchise, récompensé par la satisfaction d’un titre en 2124 et trois saisons parmi l’élite de Platinium.

 

 

Merci, merci à vous tous, fidèles fans, spectateurs, amis ! Ainsi se termine ma carrière. Je souhaite bonne continuation á mes coéquipiers.

 

 

A bon entendeur, schöne Grüße aus Wien und auf Wiedersehen.

 

 

 

I hob enk Liab, Ihr Hohenreiner

 

 

 

 

 

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